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Entretien réalisé dans l’établissement le 9 avril 2019 avec Nathalie Noël,
enseignante d’espagnol et Ticem)
Liens
Vers le projet Living Cloud : https://techne.labo.univ-poitiers.fr/living-cloud/
Vers le projet Future Classrom Lab (FCL) :
http://blogpeda.ac-poitiers.fr/fclf/2015/11/12/vers-un-future-classroom-lab-au-lp2i/
https://www.educavox.fr/innovation/dispositifs/le-future-classroom-lab-est-le-lieu-de-tous-les-transferts
Situé à Jaunay-Marigny (86) et occupant un terrain jouxtant le Parc du Futuroscope, le Lycée Pilote Innovant International est un lycée général et technologique qui accueille environ 600 élèves répartis entre les filières générales (un peu plus de 500 élèves) et deux sections de techniciens supérieurs (Systèmes numériques, Contrôle industriel et régulation automatique). L’équipe pédagogique est composée d’une soixantaine d’enseignants.
Le développement des usages du numérique constitue un des trois axes prioritaires du projet d’établissement. Pendant 4 ans, de 2014 à 2018, le LP2I a participé au projet Living Cloud dont l’accompagnement scientifique a été confié au laboratoire TECHNÉ de l’Université de Poitiers. Tous les élèves et enseignants de l’établissement ont été équipés de tablettes tactiles et des infrastructures, services et ressources numériques renforcées (couverture Wifi, liaison internet, serveurs de stockage…) ont été déployés. Ce projet vise la transformation des conditions d’apprentissage des élèves et des pratiques pédagogiques des enseignants, en misant en particulier sur la dématérialisation des documents et sur de nouvelles approches pédagogiques plus collaboratives.
D’autre part, le LP2I a été le lieu d’implantation du premier Future Classroom Lab (FCL) en France. Il s’agit d’un projet porté par European Schoolnet (EUN) et dédié aux innovations pédagogiques. Xavier Garnier, enseignant au LP2I et chargé de mission DANE en est un des promoteurs à l’échelle nationale. Le numérique est ici pensé comme un “partenaire”, un amplificateur de la pédagogie et non comme une fin en soi.
Nathalie Noel est enseignante d’espagnol au LP2I depuis 2008.
Lors de cet entretien, Nathalie Noël nous présente plusieurs séquences pédagogiques menées avec ses élèves de différents niveaux et faisant appel à l’usage d’un ou plusieurs outils numériques (pour écouter, visionner des clips, créer des diaporamas…).
Nathalie Noël nous précise que les principes pédagogiques sur lesquels ces séquences reposent préexistaient mais que leur mise en oeuvre a été grandement facilitée grâce aux techniques numériques.
Nathalie Noël utilise l’espace langue du LP2I le plus possible car il permet aux élèves de s’étaler, de s’isoler en petits groupes pour échanger entre eux sans (trop) perturber les autres groupes.
Cependant, elle dit s’adapter aux espaces qui lui sont dédiés. Dans une salle de classe “classique”, elle autorise les élèves à déplacer les tables mais ils peuvent aussi “s’installer en grappes” par terre, dans un coin de la classe s’ils jugent qu’ils travaillent mieux ainsi.
Selon Nathalie Noël, le numérique désinhibe certains élèves qui peuvent craindre de faire des erreurs lors de leur production. Elle a vu évoluer qualitativement et quantitativement les productions écrites de ses élèves (retours en arrière possibles, davantage de coopération).
Le lycée est passé sous licence Gsuite Education à la rentrée 2018.
En début de seconde, un mois d’adaptation permet aux élèves de découvrir Gsuite, LOL (Lycée On Line, ENT Région), de s’initier à la communication institutionnelle afin de “poser une professionnalité d’élèves”.
Pour des besoins plus spécifiques, la formation se fait à la demande, selon les besoins des élèves et porte le plus souvent sur la conception d’une charte graphique.
Désormais, les élèves utilisent directement les outils proposés par Gsuite et ne passent plus par les outils bureautiques.
Nathalie Noël dresse le constat que les élèves ne voient pas les implications physiques et technologiques de leurs usages. Ils n’ont par exemple pas conscience de l’existence de serveurs à travers le monde, qu’une pièce jointe est découpée en “mille morceaux recollés” pour arriver dans leur boite mail, qu’il est “un peu bête” de passer par Whatsapp pour s’envoyer des photos quand on est côte à côte au lieu de passer par la technologie bluetooth.
Il y a beaucoup moins d’enseignement qu’auparavant sur les systèmes informatiques (serveur du lycée, du rectorat, disque dur…). “ça ne les intéresse pas de savoir comme ça marche, pas tellement”.
En fin d’année, le cours de TICEM (seconde) est l’occasion d’organiser une simulation globale (Francis Yaiche, Les simulations globale : Mode d’emploi (Hachette, 1996)) sur les enjeux du numérique prenant appui sur le jeu de rôle.
https://padlet.com/profe_navidad/RADNUM2018
https://padlet.com/profe_navidad/Hispageeks2017
https://padlet.com/profe_navidad/LP2iEspaces
Pour Nathalie Noël, le numérique a clairement favorisé car facilité les pratiques collaboratives entre élèves. Lorsqu’ils ont un travail en commun à réaliser, ils créent immédiatement un Google doc et partagent tous les documents (“C’est même trop”).
Les obstacles et freins apparaissent liés aux contraintes techniques mais aussi aux dimensions éthiques et économiques. “On est dépendant de Google – mais on l’était déjà avant Gsuite – clairement, nos élèves, on est en train de les envoyer dans les bras de Google”.
Un autre obstacle potentiel est lié au coût cognitif engendré par le passage à une nouvelle interface. “Quand on est obligé d’en changer, c’est vraiment compliqué”.
Nathalie Noël met en garde sur les injonctions à la différenciation pédagogique qui, selon elle, constitue l’îlot qui cache les pratiques pédagogiques. “C’est pas parce qu’on les met à quatre autour d’une table qu’on a généré une situation pédagogique intéressante. C’est pas parce qu’on utilise un quiz qu’on a généré un engagement sérieux, durable de l’élève. Et c’est pas parce qu’on a fait un quiz toutes les heures, qu’ils s’amusent pendant dix minutes à remplir le quiz, qu’à la fin ils ont réellement mémorisé”.
Le risque (voire danger) est que le numérique soit perçu comme un outil “magique” au service des apprentissages. Il convient de réfléchir à la vie de classe, à l’engagement de chacun, à la construction des groupes, à la mise en jeu des personnes.
Au fil des années, Nathalie Noël note de plus de plus de rejet de la part de certains élèves. Au départ du plan tablette, il a pu y avoir cette illusion “ça va être drôle parce que c’est du numérique”. Mais un an et demi après le lancement du plan tablette, cette dimension n’était plus présente. Le numérique est devenu un outil scolaire.
De plus, les enseignants de Ticem ont noté une montée du questionnement sur les données personnelles, la protection de la vie privée, l’effet sur la planète. Ces préoccupations environnementales – qu’on perçoit notamment à travers les comportements alimentaires avec de plus en plus d’élèves végétariens, voire vegans – les placent dans une forme de résistance passive à la surutilisation.
Elle note que de plus en plus d’élèves “rootent” leur téléphone pour installer des applications non Google et d’élèves qui ne sont ni sur Facebook ni sur Instagram (“pas la majorité, ça reste des poches, mais ça infuse”).
Lorsque l’établissement a signé la licence Gsuite, “ça a grogné”. Les enseignants de Ticem ont expliqué que ce passage à Gsuite rendait les choses “moins pires qu’avant” car ça permettait une protection des données. En début d’année, des “kits de survie” sont distribués aux élèves (moteur de recherche Qwant, Ecosia…).