Alexandre Monnin est philosophe, enseignant-chercheur, docteur de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a travaillé sur la philosophie du Web avant de co-initier le courant de la redirection écologique.
Directeur scientifique du POPSU Transition de la métropole Nice Côte d’Azur, il pilote actuellement un projet porté par l’association Imaginarium-S (réunissant plusieurs co-financements, notamment de l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Consignations). Il a co-fondé et dirigé le Master of Science « Strategy & Design for the Anthropocene », porté conjointement avec Strate Ecole de Design à Lyon entre 2020 et 2024.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement (Editions Divergences, 2021, avec Emmanuel Bonnet et Diego Landivar) et, seul, de Politiser le renoncement (Editions Divergences, 2023).
Avant cela, il a travaillé à l’Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Pompidou (2010-2013), chez Inria Sophia Antipolis (2014-2017) et à la Clermont School of Business (2017-2024).
Il est membre du GDS Ecoinfo du CNRS, du comité scientifique de CY Ecole de design et de France Villes et territoires Durables, du comité de mission du Pôle Léonard de Vinci et du comité Cassini de l’IGN.
Résumé de l’intervention
Dans un contexte éducatif saturé d’injonctions à la transformation numérique, cette intervention propose un pas de côté : et si renoncer à certaines technologies — ou les rediriger — n’était pas un repli, mais une réponse lucide aux défis politiques, sociaux et écologiques du présent ?
Loin d’un discours moralisateur, il s’agira de comprendre ce que signifie une sobriété numérique pensée – non subie – et de situer cette approche dans le paysage des courants technocritiques, des critiques de la modernité industrielle jusqu’aux approches contemporaines de la soutenabilité forte.
Mais plus profondément encore, se joue ici une question anthropologique : que révèle notre rapport aux technologies de ce que nous sommes, de nos croyances, de nos attachements ? La technique n’est pas qu’un outil neutre : elle façonne nos manières de percevoir, de nous relier, de nous projeter. Elle véhicule aussi des régimes d’adhésion proches du magique, entre promesse de toute-puissance et crainte de dépossession. Les IA génératives, avec leur pouvoir de fascination et leur opacité algorithmique, en offrent aujourd’hui un exemple frappant.
Peut-on éduquer à la technique sans renforcer son envoûtement ? Comment sortir d’un imaginaire du progrès linéaire pour ouvrir un espace de choix éclairés, de mise en discussion, voire de retrait ? Cette intervention invitera à repenser l’éducation au numérique non comme un accompagnement des tendances dominantes mais comme une enquête collective sur nos attachements techniques, leurs conditions d’habitabilité et leurs devenirs possibles.